Voici donc in extenso l'article écrit par Dominique sur ce fameux tunnel.Cela donne quand même froid dans le dos !
A côté de cela, quelques superbes images, et une photo de "patcho" leur chien , au sommet du monde.
Le tunnel de la mort
Nous étions prévenus, tout routard qui rentre là-dedans en sort marqué à tout jamais : il n'y en a pas un qui ne nous ait pas parlé de cette mémorable expérience.
La route qui part vers le nord est très jolie, elle longe la rivière-torrent Varzob, au bord de laquelle les Dushanbétois viennent nombreux prendre le frais et se baigner. (les hommes surtout). Des stations de lavage sauvages jalonnent le parcours, repérables par les hauts tuyaux dressés et les jeunes qui attendent la clientèle. Il vaut mieux pénétrer les villes avec une voiture propre.
La route s'élève vers la chaîne de Turkestan qui sépare les 2 villes les plus importantes du pays : Khojand au nord et Dushanbé. Avec de hauts cols pas toujours déneigés. C'est pourquoi, les Iraniens ont aidé le pays à creuser un tunnel il y a 6 ans de cela (nous a-t-on dit), pour garantir le passage tout au long de l'année.
La route est escarpée et très fréquentée. Une immense file de camions sur le côté opposé attend la fin de la chaleur (ou peut-être l'évaporation des fumées et des angoisses ?) pour redescendre après la sortie du tunnel Le tunnel apparaît : une bouche géante noire encapuchonnée d'une brume laiteuse. On attend quelques minutes qu'il n'y ait plus de camions qui ressortent ni qui entrent en même temps que nous. Allez, faut se lancer, vitre relevées, climatisation en format recyclage, on n'en a que pour 5 km, finalement. On se sent aspiré dans un gouffre dégoulinant d'eau, dont on ne distingue ni les parois, ni le sol, ni le plafond : aucune lumière, si ce n'est la pâle lueur des feux du véhicule devant (camion ou voiture, on ne pourrait le dire...). La route est truffée de nids de poules, trous d'eau, morceaux de rochers, que les véhiculent évitent en se déportant à droite ou à gauche de leur voie ; on devine un caniveau sur le côté droit. Nous progressons cahin-caha, s'autorisant même le doublement d'une voiture qui zigzague à 5km / heure, égrainant entre nous les « il reste plus que tant de km... », quand d'un coup, on aperçoit le warning d'un camion devant nous.
Tout ce qu'on voulait éviter : l'arrêt au milieu du tunnel ! Visiblement, l'on doit se ranger le plus à droite possible sur la voie quasie-unique, mais sans tomber dans le caniveau . D'autres véhicules s'arrêtent derrière nous, quelques chauffeurs en sortent, allument la clope, dans le brouillard des gaz d'échappement et la faible lumière de nos feux de croisement. On baisse la vitre, le temps de se faire expliquer, qu'il y a un accident dans l'autre sens. Le spectre du tunnel du Mont-blanc nous traverse l'esprit. Les minutes passent , puis la demie-heure. Et ô miracle, la caravane s'ébranle.
On passe à côté d'engins de terrassement, on croise quelques voitures garées en épi pour laisser le passage, on aperçoit une voiture les 4 fers en l'air dans une grosse tranchée sur la gauche, on double un gros ventilateur obstruant le passage et qui ne marche pas, ça tire, ça tire vers la sortie qui finalement apparaît faiblement et nous redonne courage. Ouf ! Nous voilà sortis, dans un épais brouillard de gaz d'échappement et face à une multitude de voitures et trucks attendant l'autorisation de rentrer dans le trou infernal.
Au débriefing du soir , il est décidé de ne plus JAMAIS passer par ce tunnel qui présente des risques plutôt mortifères. Seule issue : le passage en Ouzbékistan, par la frontière nord à hauteur de Khojand, la visite de Samarcande et le retour par la frontière sud à la hauteur de Dushanbé, soit 1000 km pour éviter cette espèce de galerie de mine désaffectée aux parois suintantes.. .